<%@LANGUAGE="VBSCRIPT" CODEPAGE="65001"%> Hommage à Gaby Gatto

Hommage à notre ami Gabriel Gatto

Gabriel Gatto

De Garlaban en Djébel Scissium

Lorsque pour la première fois j'ai lu "La gloire de mon père", j'ai tout de suite acquis la certitude que ce n'était pas une œuvre de fiction, et que Marcel Pagnol, avec son immense talent, nous faisait revivre, sans doute, la partie la plus heureuse de son existence.
Pourquoi ai-je eu cette certitude?
Parce que toute révérence gardée envers cet enchanteur, et avec le talent en moins, j'aurais pu, comme d'ailleurs beaucoup d'Arzewiens de ma génération, raconter des "aventures" similaires à celles qu'il vécut dans ses collines.... sauf que notre "Garlaban" s'appelait "Djébel Scissium".
Et du reste, en confrontant mes souvenirs aux siens, j'ai le sentiment que mes collines n'étaient pas moins belles que les siennes, ni moins pittoresques, et qu'en outre, elles étaient par certains côtés.... exotiques. Les flancs de celle où, nous (ceux du quartier de la Marine) allions jouer de préférence, se paraient au printemps, d'une multitude de couleurs : jaune des boutons d'or et des oxalis, rouge des coquelicots, bleu violet des lavandins, blanc des pâquerettes, et toutes ces fleurs exhalaient leurs parfums. Prés de minuscules sources, poussaient des "mongettes" qu'on appelait ainsi cornettes de religieuses. Une multitude d'oiseaux égayait l'endroit de leurs chants qui se mêlaient aux bourdonnements des abeilles et aux crissements de toutes sortes d'insectes.

Un peu plus haut, abondaient les lentisques et les palmiers nains, d'où parfois un lièvre détalait en zigzagant et disparaissait au loin ... ou bien c'était une couleuvre qui filait silencieusement à notre approche ou bien une gerboise, qui par petits bonds, regagnait son terrier pour s'y réfugier... ou bien alors un caméléon qui tentait de se camoufler en changeant de couleur... ou un chien arabe chassant pour son propre compte qui aboyait d'un air menaçant , mais qui fuyait la queue entre les pattes, dés qu'on faisait mine de lui lancer une pierre... on découvrait là, les restes du repas d'un chacal peut-être?
C'était l'un de nos terrains de jeux privilégié; et nous considérions que ce territoire était le nôtre.
Mûs par un esprit de clan, nous avions du mal à accepter la présence d'intrus. Avec des feuilles de palmier nain tressées, certains se confectionnaient des frondes de berger, et tels des "David" affrontant des "Goliath", abattaient, d'un seul coup d'un seul, les isolateurs en verre qui surmontaient les poteaux électriques. Ces "démonstrations" d'adresse avaient surtout pour but de "dissuader" les indésirables qui osaient s'aventurer sur "nos terres" et auxquels nous montrions ostensiblement le lance-pierres dont chacun de nous était équipé.

Naturellement nous étions tous aussi adroits que "Lili" à tendre des pièges qui, pas moins que les siens, n'épargnaient les oiseaux.
Bien des fois, certains parmi nous revenaient avec une pleine musette de rouges gorges, de chardonnerets, de verdiers, de rouges-queues et d'autres passereaux dont les noms "bien de chez nous" m'échappent aujourd'hui.
Nous savions où trouver des escargots après une ondée, reconnaître les blettes sauvages, choisir et dépiauter de bons "margaillons" (cœurs de palmier) dont nous nous régalions sur place, cueillir des figues et des "tchoumbos".

A Noël, nous n'hésitions pas à aller roder au Fort du Nord, certains que les légionnaires nous convieraient à venir admirer la magnifique crèche qu'ils avaient confectionnée, et sûrs qu'avec leur générosité habituelle, ils nous offriraient toutes sortes de friandises.
De là-haut, on pouvait contempler un magnifique panorama.... De la "Tribu" et des "Corals" nous parvenaient des sons mêlés: chants de coqs, braiements d'un âne, hennissement d'un cheval, bêlements de brebis, aboiements de chiens...
Dans le port, le "Duquesne", solidement ancré, était là depuis si longtemps, qu'il semblait s'être définitivement intégré au paysage, des bateaux de pêche étaient amarrés aux quais ou à leurs corps morts... un cargo actionnait sa sirène annonçant son départ imminent...
Devant l'esplanade des palmiers, on ramendait des filets de pêche étalés sur l'asphalte... Le jardin public semblait nous inviter à venir nous rafraîchir à l'ombre de ses arbres.

Dans les rues, en ce temps là, il y avait fort peu d'automobiles. Il y avait encore des voitures de livraison tirées par des chevaux...
A la vérité, notre cher village n'était pas bien grand et nos regards en avaient vite fait le tour...
On apercevait, au loin, la Montagne des Lions, la cheminée de l'usine à souffre, le château Richard...
Décidément oui, notre colline valait bien celle de Marcel et de Lili, car outre les beautés de la Nature, elle nous offrait ce paysage de carte postale.
Quand, prenant soudain conscience qu'il était déjà plus de midi, nous dévalions à toute vitesse les pentes, au risque de nous blesser, essayant par notre course échevelée, de minimiser notre retard, en réfléchissant en même temps, au moyen de dissimuler les éraflures qui zébraient nos jambes, l'accroc à notre pantalon, à la résine collée à nos cheveux....

Pour ma part, les fessées mémorables reçues de ma mère qui avait la main leste et la pantoufle acérée, ne me dissuadèrent jamais de retourner sur ces lieux magiques qui restent gravés dans ma mémoire, pour TOUJOURS...

GABRIEL GATTO

A Gaby,
Te rendre hommage me tiens très à coeur, aussi ,j'espère que tu ne m'en voudras pas d'avoir osé emprunter un de tes magnifiques Textes qui parlent si bien de notre Arzew , pour te rendre hommage.
Adieu ami et repose en Paix.

 

 

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